Tu es seul.



Tu comptes les minutes. Tu comptes les heures. Tu comptes les jours. Tu les vois s'enfuir. Dans un recoin stagnant, un coin, l'encéphale. Tu comptes les filles. Tu les notes. Elles sont hideusement sublime. Ou juste hideuses. Tu es seul.
Tu as un emploi du temps, des TO DO lists, qui te donnent l'impression salvatrice de gérer ce temps indomptables, en le calfeutrant dans un labyrinthinque carcan. Tu ne t'y tiens pas. Tu réalises que tu es dépassé, alors tu te sens con, et tu n'as pas vraiment tort. Tu es seul.
Tu deviens une larve. Tu ne comptes plus les minutes. Ni les heures. Ni les jours. Nous sommes peut être en juin ? Ou plus tard ? Il fait chaud. La chaleur paisible et charnelle manque à tes tissus désolés. Tu es seul.
Tu rencontres une fille. Elle est belle. Il vaudrait mieux au début qu'elle ne veuille pas de toi. Tu pourrai ainsi ressentir quelque chose, tu serai content. Effectivement, tu as vu juste, elle t'a rejeté. Mais tu ne parviens pas à être content.
Tu rencontre une autre fille. Elle n'est pas belle. Mais cette fille présente un avantage non négligeable, dont tu ne pourrai te vanter ; elle est vivante. Tu la fais boire, elle souris, et alors que tu bois avec elle, à la vision de sa dentition imparfaite, tu te dis que, finalement, elle n'est pas si moche que ça. Tu penses "pourquoi pas ?", puis tu la baise. Tu es toujours aussi seul.
La moche devient ta copine, et devient acceptable. Tu ne sais pas si elle te rend heureux, mais au moins elle te fait sourire, et se laisse tirer sans plus de cérémonie. Une femme comme on les aime. Tu es seul.
Au début, elle te surprend. Puis elle te lasse. Alors, soit elle viens te voir, l'oeil humide, en te disant que la passion est morte (alors que te concernant, il n'y en a jamais eu) et qu'elle te quitte, soit tu la quittes, en arguant que, de toute façon, elle est une piètre amante casse toi salope j'ai bien vu comment tu matais mon meilleure pote va te faire troncher ailleurs je peux trouver mieux.
Seulement voilà, tu ne trouves pas mieux.
Merde.
Alors, tu te fais des amis. Et tu es content, très content, parce que c'est à ce moment précis que tu réalises que tu n'es pas si seul que cela, puisqu'en vérité, tout le monde l'est, seul. Alors vous êtes seul, mais vous l'êtes à plusieurs, et c'est déjà nettement mieux, bordel. Vous buvez.
Parfois même, vous riez.
A en pleurer comme des fillettes privées de dessert.
A vous en tordre les viscères.
A vous en désintégrer la gorge.
Ce que vous vous dites ? Des inepties. Inepties risible, s'il en est. C'est tout de suite plus aguicheurs. Ce que vous vous dites ? Des psalmodies. Vos conversations sont tièdes insipides. Tu parles de ton ex. Elle avait une odeur de vanille, mais elle ne s'épilait pas et ça mec, ça me répugne, tu vois, au fait comment elle va la salope du moment ? Ah je voulais pas te vexer je pensais pas que c'était sérieux, tu as vu les résultats du derniers match ?
Et quand ils repartent, seul, tu l'es encore plus. Seul et ivre. Puis malodorant.
Tu ne peux pas leur parler. La communication est une légende, à nos époques. Sacrifiées sur l'autel de la fierté. Sur l'autel de l'hubris. 
Tu regardes la télé. Cette catharsis te détend. Ils savent te donner ce que tu veux. De l'aventure et de la fesse. Ces types sont des génies, ils ont tout compris.
Tu es tellement seul.


25/07/2010
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