Take me, I'm ALIVE.



"C'est étrange de se sentir vivante. Cela donne des frissons. L'envie de vomir. Mais c'est salvateur. Il en faut si peu. Si j'avais su, j'aurai attrapé ma tronçonneuse plus tôt.
Je m'appelle Jeanne. J'ai 34 ans. Un mari adultère. Deux sales gosses.
Mon existence est une succession de déception. D'abord, il s'est avéré, ma puberté terminée, que je n'avais pas le physique pour plaire au jeune homme dont j'étais amoureuse. Forcément. Je ne lui en voulais pas. J'étais réaliste.
Je lui en aurai voulu, en revanche, si j'avais su, si j'avais seulement imaginé que je ne retomberai jamais amoureuse.
J'étais jeune, vous comprenez, monsieur l'agent ?
Scolairement parlant, j'étais médiocre. Médiocre en ce sens que je ne brillais dans aucun domaine. Je me complaisais dans la "moyenne". Ce que j'ignorais, c'est que de nos jours, les moyens SONT les médiocres. Trop vaniteux pour l'enseignement professionnel. Trop laxistes et procrastinateurs pour les grandes école. Oui, monsieur, les moyens sont la lie de notre société. La vermine de notre civilisation. Pourquoi ? Parce qu'il sont nombreux. Je suis un vers. Guère plus qu'un vers.
Vous aussi d'ailleurs. Oh, je ne connais que trop bien cette mimique, monsieur. Vous êtes convaincu d'être quelque chose, vous aussi, n'est ce pas ? Crédule que vous êtes. Sachez que neuf dixième de l'humanité se sent supérieur à autrui. Révélateur vous ne pensez-pas ?
Vous pouvez relâcher un peu mes menottes ? Leurs étreintes métallique m'écorche les poignets...
Oh, très bien, très bien, venons en au faits.
Je vais faire preuve de franc parler, si vous me le permettez.
Je ne regrette pas les faits. Absolument pas. Je n'ai jamais été aussi épanouie. Je ne prône pas la folie passagère. Je ne souffre d'aucuns désordre psychique. Tout est à sa place. Peut-être même suis-je trop rationnelle pour ce bas monde. Mes actes que vous qualifiez de meurtriers ne sont qu'une preuve supplémentaire de mon incroyable pragmatisme.
J'ai rencontrer mon mari il y 10 ans. Je ne l'aimais pas. Mais il me courtisais. Alors, j'ai accepté, la mort dans l'âme, de crainte de pourrir seule. En cette époque bénie, j'imaginais encore que les sentiments pouvait s'improviser. Comme vous le voyez, cette erreur fut des plus délétères pour le pauvre homme.
Au prix de deux orgasmes grossièrement simulés, je récoltais deux petits garçons. Ils étaient moches comme leur pères. Et tout aussi exigeant. Cependant, je jouais mon rôle de mère avec superbe. Un naïf aurait même pu croire que j'aimais mes enfants. J'étais si peu faillible. Toujours à l'heure à la sortie de l'école. Première arrivée au réunion. Organisatrice de toute les tombolas.
Puis tout s'est enchainé très vite.
Huit ans qui durerait cinq minutes.
Course. Enfant. Douche. Orgasme simulé. Cuisine. Course. Lessive. Douche. Orgasme simulé. Ménage. Lessive. Encore, encore.
Le jour ou les orgasmes n'eurent plus à être simulé, j'ai compris que monsieur se tapait sa secrétaire de 21 ans. Non, monsieur, l'agent, ce n'est pas la cause de mes actes.
Je m'en fichais totalement.
J'éprouvais plus d'amour pour mon vibro que pour ce type.
Pour tout vous dire, je me suis rendue compte, un soir, en remplissant mon caddie que j'étais mortelle. Mieux : qu'eux aussi.
Ce soir là, j'ai mis une tronçonneuse dans mon caddie.
La suite, vous la connaissez. Je les ait massacré. Cela giclais de partout, c'était d'une splendeur... ! Je me suis découverte esthète sanguine.
Je ne me suis pas contentée de les tuer monsieur l'agent ; je les ai morcelés. Une bouillie de famille parfaite et de bonheur parfait.
Je me suis libérée de cette entrave, et je m'en porte à ravir. Et je compte bien en profiter.
Vous savez tout.
Maintenant, faites-moi l'amour. Je suis sûre qu'avec vous je n'aurai pas à simuler.
Je suis un monstre, dites-vous ? Non, je suis une femme libre, monsieur l'agent."


17/05/2010
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour