Souviens-toi.



Souviens-toi du jour où tu as étreinte ton humanité dans sa pleine mesure. Quand l'astre assombrissait ta peau fangeuse, quand ta transpiration se mêlait à celle de tes camarades, et quand de toute cette chaleur humaine ressortais un miasme victorieux, indomptable.
Souviens-toi des clameurs populaires, mais surtout souviens toi des coups, souviens-toi des hématomes qu'ils ont laissés sur ta peau, qu'ils ont laissés dans ton être, qu'ils ont laissés dans le leurs.
Souviens-toi la lutte, et de la fatigue, mais encore et surtout de la lassitude qu'il l'a accompagnée. De la fatigue, oui, n'oublie jamais le jour où tu as vomis de fatigue. Souviens toi la crasse, souviens toi la catharsis, souviens toi du jour, du jour où tu as cessé d'avoir peur.
Et de celui où tu as commencé à être libre.
La liberté, peut-être que ce n'était pas tout cela après tout. Peut-être était-ce l'affrontement.
La peur n'existait plus alors à cet instant, et seulement à cet instant tu étais libre.
Tu te savais insignifiant, mais libre. Sûrement ne t'écoutaient t'-il pas.
Tu vivais dans un monde où des capitaux fictifs, ou des colonnes de chiffres illusoires, prévalait à ton existence, mais tu vivais tout de même, car tu ne te complaisais plus dans ce non-sens mathématique.
Tu observais le mutisme avec consternation, tu argumentais de par cent fois, et tu avais la naïveté de penser que tu pourrai changer le monde.
Puis, tu as quitté le domaine de la lutte.
Les peurs sont revenues.
Mais les idées, elles, ne sont jamais enfuies, pour la bonne et élémentaire raison que nulle idées ne meurs tant que son hôte survit, car les idées sont un flux continuel qui s'imprime dans ce qui les contient. Elle évoluent, mais ne se condamneront pas.
Souviens-toi, espèce de sous-merde, que tout cela prévaut aux chiffres que tu manges, aux chiffres que tu bois, aux chiffres qui te tiennent chaud la nuit, aux chiffres auquel tu fais l'amour, souviens-toi que tu as été à notre place, et surtout souviens toi que la lutte est perpétuelle, et que l'humanité mourras avec elle.
Etre humain, c'est être paradoxe, c'est être matérialité, c'est être spiritualité, c'est être tout cela en même temps, et calmer cette lutte en toi ne te permet en aucun cas de qualifier la notre de jérémiade molle et infondée.
Le fondement, c'est le souvenir d'une époque où l'épanouissement est tombé sous le joug du virtuel.
Ce qui te nourris est artificiel.
Souviens-toi de vivre.


23/10/2010
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