Non-sens contemporains.



Je travaille actuellement sur un projet conséquent (d'ordre romanesque) ce qui, doublé de problèmes personnels, m'a conduite à délaisser pour la semaine ce projet nettement moins conséquent que d'exposer ponctuellement quelques improvisations en ces lieux. Cependant, j'ai menée une réflexion un matin dans mon bus, avec une sacrée tête dans le cul (autant être honnête) sur le galvaudage des expressions communes. Parler sans réfléchir et en arriver à dire de la grosse merde, c'est d'un commun... Quand on tente de creuser le sens d'un mot, il finit par se réduire à une ensemble de sonorités creuses, de celles qui donne le vertige. La liste est assez longue, pourtant loin de moi l'idée de donner dans l'énumération bêtifiante, soyons concis, le cas contraire reviendrait à négliger la puissance de l'exemple.

"Tu me fais chier".
Moi ? Je te fais chier ? Rend moi en grâce. Si mon comportement engendre en toi un soulagement, soit-il métaphorique, soit-il concret, d'un poids encombrant couvert d'un miasme douteux, nul besoin n'est de ce ton fulminant, tu ne penses pas ? Faire chier, ce n'est pas indisposer, très cher, c'est délester.

"S'il te plaît"
Et si il ne plaît pas, je suis tout en fait en mesure de refuser, tu en conviens ? Ou ta prétendue marque de savoir vivre aurait un curieux arrière goût d'injonction ? Si tu me prête un goût à sortir les poubelles, tu n'as pas une haute estime de mes passions. S'il te plait, présuppose une convenance, qui se fait, dans la plupart des cas, difficile à déceler.

"A tes souhaits"
Je synthétise à moi toute seule la vierge et l'enfant ? Tu m'en voie remarquablement flattée. En réalité l'état natif de la formule était "A vos souhaits Jésus Marie". Elle fut tronquée, c'est une chose. Mais rien ne justifie de lui assigner une deuxième personne du singulier. Egocentrique que de transformer une prière en attention. Humain. Réplique pour la moins distrayante dans la bouche des athées.

Vous voyez où je souhaite en venir ? Loin de moi l'idée du conservatisme linguistique ou du manque de politesse. Juste celle (sans prosélytisme, aucun) de s'interroger sur le sens des mots d'un point de vue rationnel. Le vocabulaire devrait gagner en froideur à l'instar des sciences. Preuve faites que l'on peut tout à fait théoriser sur la linguistique. Cette dimension affective des mots n'est cependant en aucun cas à bannir.
Moi, je dis ça, je dis rien hein.
"Alors ferme ta gueule."


30/05/2010
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