Le tube et le chiasme.




"Serré, fourmillant comme un million d'helminthes,
Dans nos cerveaux ribote un peuple de démons,
Et quand nous respirons, la Mort dans nos poumons
Descend, fleuve invisible, avec de sourdes plaintes."

Refouler, ça je sais faire. Je suis de cette génération hypocrite, je suis de ces merveilles d'héroïsme qui débute chaque acte de leur vie avec une préparation scrupuleuse et calculée, et mènent leur comédie avec un brio qui ferait rager les meilleurs acteurs.

Vomissures émotionnelles à chaque coin de rues, mais encore et surtout ; complaintes contenues dans les viscères : peut-être qu'on pète nos émotions, m'sieur, ça ne pourrai s'annihiler si simplement, comprenez. Je fais partie de cette génération qui n'a jamais besoin d'aide. Cette génération où l'argent fait le bonheur, et plutôt deux fois qu'une. Je suis d'une génération qui néglige ou exacerbe ridiculement l'irrationnel. De par chez nous, m'sieur, on n'pleure pas. Sauf si on y gagne quelque chose.
De par chez nous m'sieur, il y a des tubes. Pleins de tubes partout. Des entités cylindrique, à double entrée, des tubes. Je mange, je chie, je suis heureux. Je suis heureux, je chie, j'ai faim, je suis heureux mais j'ai envie de chier.
Il y a des modèles. Et puis même des solutions toutes prête et garanti promis juré craché, ça marche pour tout le monde. Et il y en auras pour tout le monde, on a dit pour tout le monde, TOUT LE MONDE !
Mais laissez moi mon statu quo, vous seriez bien aimable.
Ce que vous pensez de mes qualités d'actrice ne m'importe que si peu. Le "si peu" correspondant bien entendu à mon amour propre de petite garce lambda.
Votre aide est illusoire, mesdames.
Mon paradis sent l'urine de chat. Et je l'aime.
Ce n'est pas une tare de ne rien éprouver, mesdames. Ce n'est pas une tare que de ne pas être heureux. J'ai étreinte mon ataraxie, et, bien sûr, tout est insipide, mesdames, mais qu'importe ?
Pensez-vous que le bonheur est un impératif ? Il ne contribue qu'à troubler la conscience. Je conceptualise le bonheur comme une énorme verrue purulente, prête à imploser à tout instant. Le bonheur a ceci d'immonde qu'il est d'une inconstante inégalée, et inégalable.
Le théatre ambiant bien plus gratifiant que vous n'osez l'imaginer, mesdames. C'est une autre forme de jouissance que vous ne semblez pas être en mesure de comprendre. Mais moi et mes confrères tubes, nous nous comprenons dans notre jubilation. Jubilation découlant du plaisir de conjecturer ce que notre public attend de notre personnage. Le théatre de l'absurde nous guette entre deux transactions digestives. Se conjecturer devient si simple.
Et quand cette mécanique atteint son comble, nous désapprenons littéralement tout ce qui relève de l'affect. Nous ne connaissons que feintises. Les apparences sont sauves, sauves sont nos consciences.
Factices sont nos plaisirs.
Déliquescent est notre marasme. 



01/06/2010
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