Le paradis c'est les autres, mais pas trop quand même.

 

 

Je lui ai remise ma nouvelle, il a craché dessus. Impunément. Mais monsieur, je vous demandais un avis, pas une exécution. Monsieur, je n'ai pas pu écrire pendant des semaines suite à cela. Mais aujourd'hui je suis de retour, malgré moi. Je ne recherche pas le talent, comme je vous l'ai toujours dit. Pour moi la logorrhée n'est pas l'insulte, mais l'ultime compliment. Et dieu sait qu'il en faut du courage pour étaler son coeur sur des mots. Dieu sait que ce n'est pas évident de se donner comme ça, comme une rôdeuse, au premier venu. Dieu sait que je n'ai jamais rien demandé en retour. Non, jamais. Moi j'aime le risque, la passion. Ce qui brûle sans que je ne sache précisement qui m'a brûlé. Alors il a dit que c'était nul, et moi, j'ai choisi de l'ignorer. Vous savez pourquoi ? Parce que j'aime ça. 

C'est drôle tout de même. On me demande constament... A moi plus qu'à d'autre d'ailleurs, la raison de mes agissements. "Mais Elsa pourquoi t'es tu rasé la moitié du crâne ?" "Mais Elsa pourquoi tu es parti dans la nature ?" "Mais Elsa pourquoi es tu toujours si irrationnelle ?". Mais elle vous emmerde Elsa. L'irrationnel est un choix. Se laisser porter est un choix. Tout ne se destine pas à être utile. Eh quoi ? Ne sommes non donc pas libre d'agir selon notre bon vouloir, en dépit de toute finalité, de toute... fonctionnalité ? N'est donc pas cela que certains appelleront "vivre" ? Pourquoi toujours la raison ? Les lois de la nature veulent que rien n'ait de finalités, les lois de la nature sont un oxymore. Je ne vois pas pour quelle raison moi, je devrai avoir une finalité. Je trouve les gens gonflés d'orgueils, gonflés de fausses évidences, je trouve les gens tristes, ternes. La gratuité leur échappe. J'aime ça. J'aime vivre. J'aime sentir le vent sur mes cheveux. J'aime avoir mal. J'aime ça. Je ne veux pas me justifier autrement que par cette phrase. Ma liberté ne tend d'aucune manière à entraver celle de quiconque alors je vous en prie cesser de l'interroger comme un animal étrange et inconvenant. Cessez de qualifier de stupide ce qui tout simplement, me rend humaine, libre et -parfois même- heureuse.

Mais tellement seule. Oh, oui, tellement seule. J'aurai bien voulu moi, servir à quelque choe, servir une cause, ou... Moi même. Mais je n'aime pas ça. J'aime découvrir, je n'aime pas emprunter ce sentier qui, de par un milliards de fois, a été battu par mes frères humains. Je ne juge pas leur dessein, ni sa saveur. Mais... Fait incontestable, s'il en est : mes papilles le percoivent comme insipide. Je ne parviens pas à m'y habituer. Je suis incertaine. Peut-être que je me complais dans l'erreur. C'est même plus que possible. Mais ne vaut il pas mieux être épanouis dans l'illusion que de vivre l'affliction qu'implique une réalité déplaisante ? Au fond, que peut on repprocher aux lâches ? Peut-être aussi que je me trompe, et les autres aussi. Oui, c'est très possible. Cela étant, comment le savoir ? Certainement pas en explorant ce sentier turbide de fréquentation. Si il est juste, ils le découvriront bien assez tôt. La dispersion n'est elle pas plus propice à l'accession à la vérité, si tant est que celle ci puisse être touchée du doigt ?

Ca aussi, la vérité. A grande échelle, ça sonne clinquant, absolu, transcendant. Mais à petite échelle, à échelle humaine, plus petite que petite, cela sonne tellement angoissant. La vérité sonne comme une condamnation. Ai-je raison d'entretenir l'illusion que ce type a changé ? Ai-je raison de le croire ? Ai-je raison de faire abstraction de la raison pour voler quelques instants d'épanouissement ? Est-ce que j'aime vraiment ça cette fois ci ? Ne serait il pas plus opportun de cesser maintenant, tant qu'il est encore trop tard ? Est ce que je veux savoir ?

Les autres m'effraient parce que je les comprend. Lui ne m'effraie pas parce que je ne le comprend pas. Je ne sais pas, je perd mon temps, je le perd encore, je ne sais pas, je ne sais pas si j'aime ça. Tout ce que je sais, c'est que jamais je ne dois plus cesser d'écrire. C'est un acte vain, mais c'est un acte sans risque, et finalement, je me fiche bien de ce que tel ou tel penseras de mon petit sentier. Il n'est pas large, il n'est pas convoité, mais il a au moins la qualité de n'appartenir qu'à moi. Peut-être somme toute que cette énorme sentier dont je percois les échos au loin ne correspond qu'à une infinité de petits sentiers semblable au mien, craignant d'être découvert. Comment puis je le savoir ? Je suis ton labyrinthe.



18/04/2011
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