Le carnet.



Je n'ai ni journal intime, ni exutoire émotionnel qui répondent à un besoin d'exprimer mes sentiments. A se demander parfois si j'ai accès à ce type d'affect. En revanche, je ne sors jamais sans ce carnet. Ou plutôt "ces", qui s'empilent dans mes placards. Je n'y assigne rien de croustillant, aucune élégie larmoyante, rien de ce qui pourrait à priori constituer des informations compromettantes. Paradoxalement, il s'agit de la chose la plus intime, la plus personnelle que je possède. Des pensées noyées, des perceptions, ce qui rythme le faible intellect d'une post-adolescente passablement perturbée, ce qu'elle peut voir, ou constater par elle-même. Ce qui rend ma vie intérieure moins insipide. Alors, se pose tout de même un problème. Je n'ai jamais rien fait de ces notes. Jamais. C'est pourquoi :

"Il ne faut jamais cesser de réexaminer ce qui semble être des évidences, et toujours chercher à envisager le monde sous un autre angle. C'est au prix de cette démarche que nous nous affranchirons des idées qui nous aveugles."

"Les grandes causes, aussi indispensable soit-elle, ne doivent jamais tuer notre désir de jouir de la beauté et d'en créer. Gouter l'éphémère est un exercice pour nos sens et un sens pour notre esprit."

"La conclusion peut parfois dépasser l'entendement."

"Aujourd'hui, la science progresserait-elle moins vite que la perversité de l'usage que nous en faisons?"

"La croyance, religieuse ou scientifique est une nécessité puisqu'elle ouvre le champ a toutes les réflexions. Mais elle est dangereuse quand elle propose de se suffire à elle-même et de diriger notre vie."

"Fait de la gare de Montpellier Saint Roch : Quand la voix claironnante annonçait "Eloignez-vous de la bordure du quai", tout le monde s'approcha de la dite bordure. Sauf moi. L'homme est complexe en cela, qu'il réfute les injonctions pourtant limpides et se soumet à celles de la société de consommation avec une servilité sans pareille..."

"Elle était là, la Mona Lisa, minuscule comparée à une centaine d'oeuvre sublime, et pourtant tout le monde s'empressait autour d'elle, euphorique. Comment a t'elle pu éluder par son aura les autre magnificences de la galerie? L'homme est incompréhensible."

"Deux choses me semble incontestables. Deux phrases, pour un même ordre d'idée que je conçoit comme absolu ;
-Il y a des gens.
-Un jour, on meurt.
Reliant ces deux informations, toutes statiques qu'elles sont, j'en arrive à percevoir l'incroyable mouvance du monde qui est le nôtre. Comme une sinusoïde que rien ne semble pouvoir anéantir... Si ce n'est l'homme lui-même."




19/04/2010
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour