Le cannibalisme intellectuel : un concept. Une ligne directrice : la mienne.



C'est tout un art, et un art des plus respectables, que d'usurper et de s'approprier la pensée d'autrui. Et je m'en vais vous prêcher mes théories fumantes. Et mener ma petite croisade, à ma petite échelle contre petitesse de la "propriété intellectuelle". Petit, petit, petit. Parce que justement, c'est minuscule comme concept, imperceptible, et cela nourrit et exacerbe de très petites aspirations. Se glorifier, qu'on appelle ça, à ce qu'on dit. Voyez, m'sieur, c'est mon idée, c'est ma propriété, je l'ai formulée, alors ; pas touche.
Eh bien, à ce compte là, pourquoi formuler des idées? Non, ferme ta gueule, cesses donc d'en avoir, des idées, si elles te sont si précieuses, si personnelle. Fume un gros spliff, endors toi spirituellement, ou alors, constipes ton intellect à grand coup de TF1. J'ai ouï dire que c'était d'une efficacité sans équivoque.
Et quand je parle de propriété intellectuelle, je ne parle pas uniquement d'idées, je parle de littérature, je parle de musique, je parle de film (CERTAINS films...), je parle de tout ce qui fait qu'en notre condition d'être créatif, nous nous élevons -difficilement, et parfois même en vain- un peu au dessus de notre condition basique de péteur-roteur-chieur. (Oui, j'aime illustrer mes propos de références scatologiques, et oui, je vous emmerde... Le tact ? Très peu pour moi.)
Et là, tout bons geeks qui se respecte auras compris à qui et à quoi je m'attaque. Et je ne me leurres pas sur ce qui est de la liberté d'expression, qui engendre une mise en abîme de mon propos ; une lutte entravée contre une autre entrave.
Mais revenons-en au bien-fondé du copyright... Quelque soit l'échelle. Que sommes nous, QUI sommes nous, si ce n'est un amoncellement d'idées, un patchwork improbable de références culturelles, qui varie sensiblement d'un individu à un autre? Et si nous poussons le clivage propriétaire de la pensée propre à son paroxysme absolu, qu'en seras t'-il de nos "identités"?
Non, non, clairement, je pense que toute idée, toute découverte, tout ce qui renouvelle un peu l'air de notre humanité qui empeste de plus en plus le renfermé se DOIT d'être une entité gazeuse, et de se propager librement. Sinon, pourquoi créer, pourquoi entreprendre?
Et pourtant... Hélas, trois fois hélas, la société se stérilise, sous le mutisme servile de toutes ses composantes.


12/04/2010
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