Je suis cette femme infernale.

 

 

C'est execrable. Risible. Et pourtant foutrement vrai, sûrement est-ce la manifestation désavouée d'un goût prononcé pour le mélodrame, et pour la briéveté d'une passion incandescente, qui s'essoufle, inéluctablement, inexorablement, pour mon bien. Quel ne fut pas mon dépit de constater que j'étais un récéptable vide à affect, et rien de plus.

En vérité, je ne suis que passion et colére. Je ne représente que cela et rien de plus.

La passion a un objet, toujours. Mais il ne peut être que momentané. Comme tout me lasse. Comme tout finit par m'execrer. Je suis condamnée à la lassiture, à une combustion passagére. Oui, je suis condamnée à trouver l'ennui, systématique dans tout ce que la passion m'a permis de sonder suffisament. Chaque parcelle de mon existence est voué à la décrépitude, et ce que j'idolâtrais hier, je l'ignorerai froidement demain. Je suis incapable d'amour. Je ne regarde le monde qu'avec des yeux avide de posséder, de dévorer l'essence même de l'objet de mes désirs, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien à consommer. D'où ce gouffre. D'où cet énorme gouffre. Immanquablement. Si je sens que ma possession m'échappe, tout autour de moi ce désagrége, ou pire, si je sens que ma possession me posséde de quelque façon que ce soit, je sombre dans un état alternatif de mon être, un état de non-conscience, de froideur, et de colére.

Ce qui a pour résultat une rage démesurée, sans objet, carnassière, immonde. Je baigne dans le paradoxe, dans l'impossible connivence entre une beauté qui se fait immonde, et une immondice qui se fait motrice, unique source de gratification personelle. 

Alors, je plonge dans ce que j'appelle l'interaction des hypocrisies. Je fais semblant d'aimer, je fais semblant de ne pas baigner dans la haine et en retour, mes semblables simulent l'indifférence à ce propos. 

Cependant, quelque chose me dérange, quelque chose rend impossible ma rédemption, quelque chose bloque les rouages qui aurait pu m'ammener à une toute relative stabilité : j'aime cette passion, et j'aime davantage encore cette hargne.



07/06/2011
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