Introduction possible à la notion d'humanité monstrueuse.



"Comprenez-moi. Il est une seule chose qui rythmait mes pensées. Son souffle. Son corps. Ses expressions faciales parfumait mes songes. Sa voix pansait les ravages de mon alcoolisme. Je l'aimais. Je l'aimais à en crever la vie elle-même, pour en faire sortir son essence ultime : son sang. Je l'aimais plus que vous ne pouvez encore le concevoir, vous, bandes d'immondes consommateurs, vous qui achetez vos roses pour une vulgaire salope que vous comptez baiser au monoprix. Elle était pure. Tout en elle était divinement platonique, agencé dans une grâce qui n'en finissait pas d'évoquer la pâleur. La taille maigre, le teint aigre. M'introduire en elle, de son vivant, aurait été un outrage à la grandeur paroxystique de ses moeurs. Elle n'a jamais été aussi froide qu'aujourd'hui. En détruisant la beauté inaccessible, j'ai construit la magnificence évanescente. Mon amour, ma fétide. Ma divine pourrissante, mon éternelle endormie... Le sens-tu? Je suis en toi."

Chute de la nouvelle "L'insensible", que je compte intégré au recueil "Les nobles sentiments", tendant à illustrer le crime passionnel.

Le monstre humain est un concept, en plus d'une réalité. Et rien ne me fascine plus que cette profonde ambivalence qui marque chaque être. Le monstre et l'humain, dis-je. Le spleen et l'idéal, dirait Baudelaire. Le "ça" et le "sur-moi" dirait Freud. Car ce monstre, cette bête qui viole, qui détruit, habite en chaque être, mêlée à la poésie, à la beauté, au maquillage psychique. Nul n'est en mesure d'échapper à ce terrible clivage.
La bête, contrairement à ce qu'on pourrait penser, l'instinctive, démarque la faiblesse, et nous offre une réponse immédiate et violente à un besoin profond qui ne manque généralement pas de bassesse. Et l'humain, représente la force, le besoin avide de connaissance. De maîtrise. L'humain au sens strict, c'est le nihiliste. Ou plutôt le structuraliste.
Le monstre allume les flammes, l'humain les reformule, et en fait ressortir de manière plus ou moins ostensible les braises. Ils sont mutuellement dépendants, bien qu'antagonistes.
Mon opinion à ce sujet est assez dense, mais d'un intérêt plus que limité, ainsi donc je limiterai mon épanchement aux grandes lignes.



18/04/2010
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour