De la plus sûre manière de rendre son existence exécrable.



Fait important, introductif mais fondamental ; pour devenir un mélancolique confirmé, il est impératif d'avoir été heureux. Qu'est ce que le bonheur ? Ses définitions sont multiples, complexes & subjectives. "Subjectif", grand dieu que j'aime ce terme. Applicable à toute chose, une mine à la justification de sophisme en tout genre. J'aime, j'aime, j'aime le subjectif. Il ne se contente pas de dissimuler (ma) la bêtise, non, non, il la déguise en ouverture d'esprit. Doute méthodique & solipsisme souverain, mais tant que cela, voyez-vous? Allez encore une fois, je plaque mes gammes, pour le plaisir ; j'aime, j'aime, J'AIME le subjectif.
Vous l'aurez compris. Je m'égare. Mes doigts pianote sur mon clavier, ma pensée les devance visiblement, tant et si bien que je ne sais plus vraiment d'où je suis partie et où je vais... Ni même pourquoi. C'est tout le plaisir du blog. Plus largement, celui de l'écriture. Plus largement encore, celui de l'expression. L'exhibition. De nos jours, le pervers-nu-sous-son-manteau-qui-patiente-à-seize-heures-devant-l'école-maternelle sommeille en tout utilisateur (assidu) de l'internet. Mais cela n'a strictement rien à voir avec mon premier propos.
Avoir connu le bonheur, en somme. Cette évocation emphatique en apparence, appelle pourtant des souvenirs banals chez la plupart des personnes que j'ai pu rencontrer (oui, oui, je sais : mener des expériences sur ses semblables, c'est mal. Mais tellement glorifiant, pour peu que vos présomptions se révèlent exactes...). Le bonheur décrit par les quelques sujets aurait pu se résumer ainsi ; un décor agréable, des conditions climatiques clémentes, un peu de sexe, ou de fortune (au sens premier du terme), et du glamour. Du PAILLETTE, quoi.
(Il est tard, je ne sais plus ce que je raconte, je lutte contre l'envie de tout effacer, mais pervers-nu-sous-son-manteau-qui-patiente-à-seize-heures-devant-l'école-maternelle me l'interdit, j'ai bien essayé de le virer, il a élu domicile dans l'espace vide entre mes deux oreilles et semble s'y plaire... Que voulez-vous ?)
Alors, c'est bon, on sait qu'on a été heureux. Fort bien. Il ne reste plus qu'à supprimé l'espérance. Je m'accorde avec le type, vous savez, celui qui était phobique des fougères mais qui est considéré comme le père de la psychanalyse... Ah oui, Freud ! "Le mieux est l'ennemi du bien". Vous avez connu le bien ? N'en réclamez pas plus. Figez-vous sur cette image ad vitam eternam, vous vous garderez efficacement de toute déception. Et sur ce point je m'offre le luxe de l'affirmation dogmatique. En revanche, il est fort probable que vous gâchiez votre vie par la même... Tout est question de définir ce que vous attendez réellement de l'existence, concret ou fantasme ? Consacrer son existence à courir après l'incertain est AUSSI une "sûre manière de rendre son existence exécrable". Toujours est-il que ce n'est pas LA plus sûre.
Nous ne sommes pas de petits joueurs, de par chez nous, m'sieur-dame... !
Voyons les choses en grand.
Ne rien attendre ? Trop sécuritaire. Je me permet de citer Colette : "La quiétude... C'est le bien de ceux qui ont à jamais choisie une part de leur destin et rejetée l'autre." (Je ne garanti pas l'exactitude de la citation, ma mémoire est approximative). Tout a été dit, cependant. Bien trop facile. Peu prolifique.
Se droguer aux perspectives et aux aspirations trop grandes pour soi ? Les inexpérimentés y verrait un projet chevronné (excellent en somme, pour le sujet qui me captive). Tout y est, dans le cas occurrent. Sauf la charnière ; l'état d'esprit. "L'espoir fait vivre", disent-il, à tort ou à raison... Qu'importe ! Un esprit mort appréhende mieux son prochain et sa déchéance, qu'un vivant soumis à une multitudes de passions, qui, quand bien même soit elle stérile, l'induiront -ô, horreur- à un forme de bien-être.
Non, tout cela relève du dilettantisme (grossier, s'il en est).
La classe suprême, si j'ose dire, se résume à peu près à cela : n'attendre absolument rien de l'existence, mais se débrouiller tout de même pour perdre ;
a) le peu d'acquis primaire qu'offre la condition humaine (le sommeil, entre autre)
b) la seule crédibilité de notre condition d'être pensant
c) la capacité d'éprouver des affects
Ainsi, vous pourrez fièrement affirmer "je suis une larve".
Tout le monde est malheureux, de nos jours, seulement, ils sont malheureux à l'aveuglette, ostensiblement, ils ne savent pas s'y prendre, il ne savent pas se gâter jusqu'à l'épuisement. Tout le monde se trouve moche et stupide. Tout le monde dit se dévaloriser. Ce que Tout le monde semble volontairement ignorer, c'est que qui est conscient de se dévaloriser, ne se dévalorise pas véritablement (vous saisissez ?). Et pourtant, c'est vrai. Tout le monde EST moche, et tout le monde est stupide. En le décriant, ils ne font que "noyer le poisson".
Ils ne savent pas même pas rater leur vie décemment. Il faut tout leur apprendre, je vous jure...
(Toute marque de second degrés serait... purement fortuite...!!  ^^)


14/05/2010
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