De l'art d'être beau, de l'art d'être faux.



Un charmant sourire. Un clin d'oeil aguicheur. Une démarche assurée. Et c'est tout. Vous n'en demandez pas plus, n'est-ce pas?
Se maquiller, se parfumer, le corps et la conscience, pour ne laisser qu'un "montrable" flatteur à la pupille. Le bonheur doit se faire avec discrétion et savoir-vivre, sans débordements. La douleur doit se porter dignement, mais être teintée de mélodrame. C'est une question de bon goût. Et le bon goût, vous adorez cela, vous autre. La dictature de l'indicible. Du lisse, du charmant, et du propre. L'excès, vous n'aimez pas. Le discernement, non plus.
"Regardez donc, avec quelle classe je porte ma banalité."
L'hégémonie du sacro-saint paraître ne choque, pour ainsi dire, personne. Elles sont si douces, ces formalités, pour peu qu'elle puisse flatter votre égo amoindris par je-ne-sais-quel mode du mépris de soi-même. Vous vous reconnaissez cette valeur gadgetisée, pour peu que vous soyez un gadget dernier cri ! Ornementé comme il faut, pour être vous-même à travers des diktat dont jamais -ô grand jamais- vous ne remettrez le bien-fondé en cause. Ni même la probité de ceux qui les édictent. Si ils disent que c'est esthétique, ça l'est. Pleurons la subjectivité et l'appréciation propre.
Si je parlais de dictature plus tôt, c'est parce que j'estime que ce type de système trouve ses fondations dans une peur irrationnelle. Celle du rejet. Enfin, irrationnelle, qu'ils disent. Somme toute plus réaliste qu'il n'y paraît. Ce n'est pas nouveau. A notre hygiène basique vient se greffer plein de rituel "consommateur", d'une vacuité sans bornes.
Et l'on s'enferme, on se calfeutre dans ce fonctionnement, tant et si bien qu'à présent, prendre la main d'un inconnu et l'appeler "mon frère" est un motif d'internement psychiatrique.
Il y a des inhibitions, un florilège d'interdits stupides, de prétendues "civilités", d'excuses minable à que j'appellerai l'indifférence, combinée à une très certaine volonté de rester dans ce carcan, qui vous dispense de toute réflexions propres.
Je consomme, donc je suis. Vous saisissez ?


26/04/2010
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