Comment perdre l'esprit rayon hygiène capillaire ?



Et se dire que sommes toute, nous sommes vraiment en mesure d'écrire sur tout et n'importe quoi. En l'occurrence, surtout sur n'importe quoi. N'importe quoi ne signifie pas infondé et spirutuel.
Bassement matérialiste, même.
S'il est une chose en ce bas monde que je méprise plus que les boutons de moustiques, plus que les étroits d'esprit, plus que les kikoolols, et même -rendez vous compte- plus que notre président, c'est bien la suivante ; faire les courses.
Je laisse mes géniteurs choisir par procuration, c'est un principe. Tout ce qui concerne ma vie consommatrice ne retourne pas de ma volonté, et je m'en félicite. Plus tard, je me targuerai, la larme à l'oeil, de n'avoir jamais compris l'hégémonie des grandes chaînes. D'avoir été une fausse victime, une innocente factice.
Le tableau aurai été trop crédible, s'il n'avait pas un jour fallut que mes principes soit compromis par une expérience horrifiante.
Oui messieurs, oui mesdames, je suis sortie exsangue de ce périple. Toujours est-il que j'ai survécu malgré ou pour desservir votre bon vouloir. La première option me sied plus. A vous d'en juger.
Aujourd'hui, j'ai... J'ai... J'ai fais les courses.
Au début, cela semblait simple. Beaucoup trop simple. Ma mère remplissait le caddie, pendant que je retournais son tout les angles les livres qui me passais sous la main, et que je pouffais sans retenue en lisant avec une voix volontairement fluette et grotesque des extraits de twilight (seule, sous le regard noirs des pré-pubères captives de la médiocrité littéraire, et celui -consternés- des personnes spirituellement constipées).
Et... Là... Ce fut le drame matérialisé par un très banal "Tu veux choisir un shampoing ?" lancé par ma génitrice. Et, inconsciente que j'étais, j'approuvais avec enthousiasme. Bien sûr que je voulais choisir un shampoing. Evidemment, je l'ai toujours souhaité, ardemment, en mon fort intérieur, que je n'aspirais qu'à cela. Le shampoing idéal m'a toujours guettée du haut de sa tour d'ivoire, j'en ai l'intime conviction. On naît, on meurs, et, quelque part entre les deux, il vient le moment où il faut choisir du shampoing ; c'est l'évidence même. L'ordre des choses. Une vie où le shampoing que nous utilisons ne relève pas de notre choix ne vaut pas la peine d'être vécue, n'est-ce pas ?
Alors, j'arrivais rayon shampoing, résolument décidée à choisir le shampoing idéal. Je voyais les choses en grand. Je venais sur la défensive. Les ennemis était là. Il m'attendais, en apparence falot, appréhendais mes désir. Répondant de par mille fois à la question "Qu'est ce que j'attends d'un bon shampoing ?".
Ce que le camp ennemi semblait ignorer, c'est que je n'attendais pas un bon shampoing. J'attendais le MEILLEUR shampoing. De nos jours, mes semblables achètent leur bonheur. Il faut s'y être essayer au moins une fois. Dis-moi, shampoing, me rendras tu heureuse ?
Et quand je me rapprochais, prête à bondir, offensive & impétueuse, sur ce nirvana capillaire je réalisais l'horreur même. Tous, tous, affirmait de façon dogmatique être les meilleurs ! Mais... Mais... Mais... Comment faire...? ô ciel, mais ce n'est pas moi qui les choisis... Ces entités ont la prétention de me choisir...! Il m'assignais divers sobriquet dégradant et foutrement métonymique. Etais-je cheveux gras ? Etais-je pointe sèche ? Etais-je cheveux colorés ? J'aurai voulu hurler à ces impertinents, toute ma fierté bafouée par leur dénomination, j'aurai voulu leur affirmer qu'il blessait mon orgueil, j'aurai voulu parler à Freud de la quatrième grande vexation humaine, j'aurai voulu m'ériger, seule et brave contre la déshumanisation que nous infligeait le système capitaliste, j'aurai voulu tout cela simultanément, mais mon impuissance effective me poussa à prendre le premier tube venu (n'ayant pas étudiée ma nature capillaire), et de me précipiter aux caisses en narguant l'asiatique au cheveux rouge vif d'un naturel discutable qui me souriait sur un emballage de colorant, à quelques mètres seulement.
Eut-il véritablement fallut que ma mère choisi cet instant pour ajouter "Tu ne prends donc pas d'après shampoing ?"
Ô, maman, douce maman, si naïve, si tu cernais le fond de ma pensée, tu comprendrai bien que je ne veux nullement choisir. Tu comprendrai que ta phrase, dans l'hypothétique existence d'un rayon arme à feu aurait engendré un massacre sans équivoque...




20/05/2010
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